La vie en grand

Définition du chef d'oeuvre dont il est question ici

Ca fait des heures que je réfléchis à la façon d’attaquer le compte-rendu joli tout plein de l’événement planétaire auquel j’ai assisté ce week-end. J’ordonne, je trie, j’organise, je factorise. Pas moyen de pondre un truc qui m’intéresse. Il manque un morceau. Impossible de mettre la main dessus. Notez qu’à l’instant où j’écris ces lignes je sais exactement ce qui manquait vu que c’est le sujet de l’article qui vient, mais comme j’écris cette introduction après avoir écrit le reste je me permets ce mensonge éhonté afin de berner le lecteur crédule que vous êtes.

Je disais donc que je cherche quelque chose d’intéressant à raconter sur le-dit événement et que je galère un peu pour vous sortir une ligne ou deux qui sortent des sentiers battus et des poncifs du genre. Le genre en question devant être défini ci-après pour une meilleure compréhension du propos : la chronique de concert, ou de festival pour être plus précis. Une fois qu’on a dit qui a joué quoi et dans quel ordre vous conviendrez que ça se complique un peu pour être original. On peut ajouter un ou deux commentaires bien sentis pour dire si machin a bien joué, si le public a fait du bruit ou le temps qu’il a fait mais c’est pas ça qui va ouvrir la voie royale vers mon prix Pulitzer.

J’ai donc débriefé avec moi-même afin d’extirper la substantifique moelle de l’événement. Après un immense effort d’introspection qui nécessiterait des années de thérapie pour les plus cinglés d’entre vous j’en suis venu à la conclusion qu’il ne fallait pas parler du tout du concert pour faire une chronique de concert originale. Ce qui a pour conséquence particulièrement cocasse d’à la fois compliquer la tâche et de la simplifier grandement. Je me sens un peu dans la peau du type qui doit rédiger le hors-série spécial carrelage de brico-magazine sans avoir le droit d’écrire le mot carrelage. On va donc parler du mastic pour les joints. Mais pas n’importe lequel hein, du mastic millésimé.

Pour ce qui concerne les activités culturelles de groupe ou dites socialisantes j’ai toujours été un pragmatique : tout pour le spectacle. On va à un concert pour voir des gens jouer de la musique, on va au ciné pour voir le film, etc. Quand on pousse cette logique dans ses retranchements on finit par se dire qu’y aller seul ou accompagné ça ne change pas grand-chose. Qu’importe le vin pourvu qu’on ait l’ivresse et tutti quanti, vous voyez l’idée. La suprématie du quoi sur le qui était actée, vitrifiée, intouchable. La faute à l’habitude. En voyant la chose ainsi vous comprendrez aisément que cette perspective, si elle devait être conservée, complique sérieusement le fait de se lancer dans la chronique de concert qui ne parle pas de concert. Sauf que…

Sauf que, parfois, on a du bol et on tombe sur quelqu’un qui décape les scléroses. Une personne capable de transformer des heures d’attente le cul dans les graviers en quasiment le meilleur souvenir qu’on garde d’un festival par exemple. Transmuter le pénible en feelgood c’est loin d’être donné à tout le monde. Créer de la vie en grand avec que dalle c’est pas mal, j’aimerais bien savoir faire ça. Et il y avait comme un challenge : entourés par des adolescents en rut, un pédophile évadé de prison, des métalleux avinés qui sont à deux doigts de poser leurs couilles sur votre tête et tout un tas de cas sociaux, je n’en connais pas beaucoup parmi vous qui auraient relevé le défi avec autant de brio. Le qui a repris le dessus sur le quoi en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire ! Estomaquant, ébouriffant, impressionnant, bluffant, quel talent. Rétrospectivement j’ai quand même un peu l’impression de faire dans l’enfonçage de portes ouvertes avec mon « People über alles » mais cette minute bisounours était nécessaire pour vous faire comprendre où chercher le petit truc qui fait le sel de la vie en grand et pourquoi elle est mieux avec des gens dedans. Le gnangnan c’est pas trop le genre de la maison donc ne prenez pas de sales habitudes, le prochain article est presque prêt (après un million d’années d’interruption) et je peux vous dire que ça va dégueuler de haine, pire qu’Hitler enfermé dans une synagogue à Jérusalem.

Puisqu’on fait dans l’académique aujourd’hui, sachez que la définition qu’il y a tout là-haut c’est la définition (discutable selon moi) que donne le petit Robert d’un chef d’œuvre. J’ai appris ça dimanche et j’ai un peu bloqué dessus parce que j’ai l’impression qu’elle s’applique à tellement de choses alors qu’elle devrait pas, limite on galvaude. Du coup je l’ai customisée, elle est maintenant unique et galvaudage-proof, elle est valable juste pour notre sujet du jour. Qui plus est, stylistiquement parlant, « La vie en grand » illustrée par le petit Robert ça pourrait presque passer pour une figure de style intentionnelle qui porterait un nom chelou comme anachorète ou zeugma : une machiavelonégèse ou un machiaviécolute. Faire une chronique hors sujet et finir par parler de chef d’œuvre ça vaut peut-être un peu le coup quand même. Comme je suis en verve sur l’invention de mots on pourrait même en inventer un autre tellement ça vaut le coup, sauf que « hors d’œuvre » est déjà pris et que « chef sujet » ça serait vraiment une expression de merde que je me refuse à employer même si on me menace de me balancer dans la fosse d’un concert de Rick Ross affublé d’un costume du Ku Klux Klan. Finalement, j’ai écris un truc qui ne sert à rien, tout était déjà dans l’image au début. Le poids des mots, le choc de la photo.

Une intro en quatre paragraphes pour un développement sur deux paragraphes et une conclusion bâclée en deux lignes, j’espère que vous n’avez pas trop l’impression de vous être fait pigeonner. Parce que moi, à votre place, j’aurais légèrement la sensation d’avoir la glotte qui flotte dans la bile à cet instant précis de la lecture… C’est tellement bordélique que j’ai limite honte de vous faire lire ça. Prenez-le comme une performance littéraire underground alternative si ça peut vous aider. Vous assistez à la naissance d’un courant littéraire. Par contre je ne vais pas inventer un nom parce que ça ferait beaucoup d’inventions pour une seule note. Je cherchais un angle, c’est lui qui m’a trouvé, je plaide l’irresponsabilité totale.

Des fois qu’elle ne se serait pas reconnue, je précise que cet article parle de et est dédicacé à la solaire Xxxxxx(-nacée) Xxxxxx(-mondialiste) et à sa capacité à rendre l’entracte plus intéressant que la pièce (ou comment remplir du vide avec du bien). Je ne suis qu’héliotropisme en ta présence.

Sinon, Slayer über alles et Nothing else matters but Metallica ! The bell tolls for la team franco-belge.

A bas la hiérarchie !

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3 réponses à La vie en grand

  1. dd dit :

    Et MH?
    Non j’deconne…
    Belle plume sinon (et je ne fais pas allusion à ton entrejambe, pédoque), bravo

  2. Madame la marquise dit :

    Chouette ;-)
    J’ai changé mes billets retour 3 fois pour retarder la fin du WE…
    Apparemment l’année prochaine ça sera sur 4 jours! Avec rumeur de voir AC/DC…

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