L’été indien

Le temps de la rentrée arrive bientôt. C’est la fin des illusions. Le retour à la réalité s’annonce difficile pour toi ami lecteur. Tu as vécu un été parfait, comme dans un rêve mais en mieux. L’amour a sonné à toutes tes portes comme un gamin facétieux un soir d’halloween. Tu ne souhaites qu’une chose : prolonger un peu la féérie. Tirer sur la ficelle de la grande pelote de la vie comme un chaton, continuer à arborer ton sourire béat quelque temps encore. Laisser la chemise ouverte, regarder, d’un œil détaché mais lubrique, les jambes des filles frivoles qui mangent leur glace à la vanille, boire un verre de rosé en terrasse, brûler la chandelle par les deux bouts. Mais tu sais pertinemment que tu es condamné à retourner creuser ta tombe pendant onze mois. Reprendre un taf tout gris, dans une ville toute grise, avec des gens tout gris pour une vie toute grise. On va pas se mentir, elle te fait pas trop rêver ta vie. Et t’as plutôt raison si je peux me permettre de faire preuve d’honnêteté.

Tu penses que c’est foutu ? Que le suicide tend vers toi ses bras sordides et velus ? Pessimiste que tu es ! J’en rirai presque si le sujet n’était pas si grave. Et oui, le suicide, franchement, c’est pas vraiment un choix de winner. Heureusement que je suis là. J’ai mieux pour toi. Une perspective, un avenir, la lumière mais sans le bout du tunnel. Ne me remercie pas, c’est cadeau. Faisons d’abord appel, si tu veux bien, à la sagesse populaire pour savoir de quoi il retourne.
Comme le disait si bien le grand Joe Dassin :

« On ira où tu voudras, quand tu voudras
Et on s’aimera encore, lorsque l’amour sera mort
Toute la vie sera pareille à ce matin
Aux couleurs de l’été indien »

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Chouette

C’est officiel depuis hier : il y a dorénavant une quatrième personne dans mon entourage plus ou moins proche qui utilise de façon récurrente le mot « chouette ». Je le confesse, j’ai longtemps pensé que c’est une tournure qui n’était plus usitée depuis le 28 août 1963 même si il y a eu un petit revival dans le courant des années 80. Quand on me dit ou m’écrit « c’est chouette » j’imagine ça : mon interlocuteur(-trice) habillé(e) d’un pull jacquard turquoise et mauve avec de grosses lunettes à verres fumés et un pantalon en velours marron . Derrière lui (ou elle), entre deux rideaux jaune moutarde, une fenêtre est ouverte sur une forêt pluvieuse. Et la chouette est là, dans les branchages, un mulot mort dans le bec, en train de me scruter de ses grands yeux exorbités. Faut avouer que vu comme ça on peut comprendre que ça ne soulève pas l’enthousiasme le plus fou.

Sauf qu’en y regardant de plus près, les quatre personnes citées ci-dessus comptent parmi les personnes les plus cools que je connais, d’assez loin qui plus est… C’est le genre de découverte capable de chambouler un système de valeurs qui avait jusqu’ici fait preuve d’une insubmersibilité totale. Puisque je ne saurais me résoudre à brutalement décoolifier ce merveilleux quartet il ne me reste qu’à rendre les armes et à accepter d’élever le « c’est chouette » au pinacle qui lui est dû. Comment résister à une lame de fond d’awesomeness aussi skillée ? Ces gens sont décidément trop chouettes même avec un futal en velours et des rideaux dégueulasses. <3<3<3



En ancien français, le verbe « choeter » signifiait « faire le coquet » et naturellement « la coquette ». On a donc parlé d’une « femme chouette » puis d’une « chouette femme ». Rien à voir avec un quelconque volatile ou une affinité déplacée pour les rapaces nocturnes donc.

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La vie en grand

Définition du chef d'oeuvre dont il est question ici

Ca fait des heures que je réfléchis à la façon d’attaquer le compte-rendu joli tout plein de l’événement planétaire auquel j’ai assisté ce week-end. J’ordonne, je trie, j’organise, je factorise. Pas moyen de pondre un truc qui m’intéresse. Il manque un morceau. Impossible de mettre la main dessus. Notez qu’à l’instant où j’écris ces lignes je sais exactement ce qui manquait vu que c’est le sujet de l’article qui vient, mais comme j’écris cette introduction après avoir écrit le reste je me permets ce mensonge éhonté afin de berner le lecteur crédule que vous êtes.

Je disais donc que je cherche quelque chose d’intéressant à raconter sur le-dit événement et que je galère un peu pour vous sortir une ligne ou deux qui sortent des sentiers battus et des poncifs du genre. Le genre en question devant être défini ci-après pour une meilleure compréhension du propos : la chronique de concert, ou de festival pour être plus précis. Une fois qu’on a dit qui a joué quoi et dans quel ordre vous conviendrez que ça se complique un peu pour être original. On peut ajouter un ou deux commentaires bien sentis pour dire si machin a bien joué, si le public a fait du bruit ou le temps qu’il a fait mais c’est pas ça qui va ouvrir la voie royale vers mon prix Pulitzer.

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Mon père a toujours raison

« I am your son. Command me in all things ! » Andy Garcia – 1990
« Son, your ego is writing checks your body can’t cash. » James Tolkan – 1986

I command thee

Si toi aussi tu as été un adolescent de sexe masculin à un moment ou un autre de ta vie tu as forcément connu l’heure H. Le H de Hormone. Quand les roubignolles prennent le pouvoir et savatent tout ce qui bouge dans l’éponge qui te fait office de cervelle. Le kop of Boulogne hormonal se pointe dans le stade de ton slip et qui commence gentiment à ratonner tes souvenirs d’enfance pour faire de toi un homme, un vrai, un qui sent fort. Tu voyais tout par en-dessous, t’avais rien compris, t’avais pas free. (NDLR: amie lectrice, je présume que l’équivalent féminin doit exister en version sans les roubignolles et l’odeur, mais tu sais ça bien mieux que moi).

Quand vient l’heure H, les filles cessent d’être les abominations intouchables auxquelles tu préférais tes bagnoles télécommandées. La veille, Brenda aurait pris feu devant toi que tu lui aurais même pas pissé dessus pour l’éteindre, le lendemain c’est toi qu’est en feu et qui te pisse dessus à l’idée de l’étreindre. (NDLR: tu peux remplacer Brenda par Brandon si ça te chante mais ne les mets pas ensemble, ils sont frère et sœur, ça serait dégueulasse). Brenda est devenue ton Himalaya personnel, quand tu la vois tu saignes du nez façon ivresse des sommets, quand tu ne la vois pas tu te branles en pensant à elle (NDLR: anecdote non contractuelle). Mais comme t’as pas encore l’âge de picoler assez pour trouver le courage de lui parler tu restes là comme un con à te tirer sur la nouille. La vie t’a peut-être rendu la vue mais elle t’a aussi pété les jambes. Sur ce coup là, avouons-le, la vie fait un peu sa prostipute.

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La pute est de l’autre côté du manche

« People always look down their noses at hookers. Never give you a chance cause they think you took the easy way out. » Charlize Theron – 2003
« Treat a queen like a whore and a whore like a queen. You can’t go wrong. » Carl Chase – 1992

Ces mecs sont des putes

Y’en a qui s’accrochent à la version romantique, genre philosophie dans le boudoir sauf qu’ils ont pas lu le bouquin, ils ont pas été plus loin que le titre bucolique. Ils invoquent de supposés temps bénis pour plaider en faveur du retour des bons vieux bordels d’antan. Pour être cohérent je propose qu’on abolisse les antibiotiques, l’électricité et l’eau courante. Restons second empire jusqu’au bout et vive le bon vieux temps. Vu comme ça j’en rêverais presque la nuit si j’avais pas mieux à faire… On n’a pas attendu que canal nous diffuse Maison close pour savoir que tout ça c’est de la merde. Les bordels c’est mieux que la rue dans certains cas mais ça reste des bonnes vieilles prisons à putes. On ne t’empêche pas forcément de sortir à coup de schlass mais il suffit de tenir les cordons de ta bourse pour te mettre la pression, et non je ne parle pas de ces bourses-là bande de dégueulasses.

Y’en a qui pensent que c’est un métier comme un autre. Pourquoi pas après tout… Vivement la mise en place du diplôme avec formation en alternance. Les profs vont se bousculer au portillon pour l’organisation des sessions d’examens et faire passer les oraux. Première matière coefficient 6 : sucer des queues dans une bagnole garée entre deux entrepôts ou à l’arrière d’une fourgonnette. J’espère qu’il y aura des options un peu sympa genre ‘éviter de se faire pointer par un clodo’ ou ‘gérer son overdose’. On montera bien évidemment un BEP proxénète, histoire de professionnaliser la filière jusqu’au bout. Ca fait sacrément rêver aussi dites-moi. Par contre il faudra veiller à ne pas susciter les vocations trop tôt parce que les conseillers d’orientation des collèges vont galérer pour distribuer les brochures. J’ai aussi une pensée émue pour les juges qui verront des mecs débarquer au tribunal en jurant qu’ils ne faisaient qu’aider la petite dernière à réviser, « non monsieur le juge, le doigt dans le cul c’était pour son contrôle de vendredi prochain, promis juré ». Je dis bravo, j’applaudirais même des deux mains si elles n’étaient pas en train de vous coller des claques dans la bouche.

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Cellule de soutien psychologique

« – Ah, c’est une longue lettre épistolaire de mon ami Dino, qui m’appelle à la rescousse pour me demander de l’aide pour George, qui va mal.
- Qu’est-ce que ça peut te foutre qu’il aille bien ou mal, ce tâcheron ? De toute façon, j’ai jamais pu l’encadrer. » James Stewart & Henry Fonda – 1993

J’aime pas les gens qui vont mal. Tous des enfoirés.

Avant de jeter une brique dans ma vitrine écoutez un peu avec vos yeux : je vais vous parler d’un moment qui craint salement. Vous savez, ce moment où vous vous retrouvez comme un con à ne pas savoir quoi dire alors que vous sentez bien qu’il y a comme une demande en face. Vous sentez le poids de cette attente qui va être déçue. Forcément déçue car illégitime. Ca pue le pathétisme à plein tarin. Vous cherchez désespérément le truc bien puissant qui va sauver la face mais votre cortex ressemble au Kalahari des mauvais jours. Restent que les lyrics de Patrick Sébastien ou des citations de Marc Lévy. Rien d’utile. Les petits buissons qui volent dans le vent dans les westerns. Et du sable autour. C’est la chausse-trappe, le traquenard, l’embuscade. Le qui-va-mal vient de vous ferrer avec son SOS et son regard de teckel. Il attend son shoot, son oxygène, sa bouée de sauvetage mais vous n’avez rien en stock. Le duel s’annonce serré.

Devant les qui-vont-mal je suis toujours désemparé. Désemparé parce que je sais que je vais faire de la merde. Je vais faire de la merde et c’est même pas ma faute. Je suis foutu d’avance car les qui-vont-mal vont mal pour une raison qui n’a rien à voir avec moi la plupart du temps. Je n’ai pas de quoi les faire aller mieux pour de vrai, en réglant moi-même leurs problèmes. Si j’étais un enculé je pourrais même leur en vouloir de m’avoir embringué dans leur galère mais je n’y arrive pas, je suis gentil au fond, même si ça se voit pas. Alors j’improvise. Je fais ce que je peux avec ce que j’ai sous la main. Comme je ne suis pas une putain de cellule de soutien psychologique certifiée iso9001 ben des fois ça sert à rien. Non seulement ils ne vont pas mieux mais en plus ils réussissent à me faire culpabiliser d’avoir fait de la merde. Des enfoirés je vous disais, j’ai pas menti.

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