With great fat comes great responsibility

« J’veux des gros seins, des gros culs. » Alain Souchon – 1997

Aujourd’hui je vais aborder un sujet qui me tient particulièrement à cœur : ma passion pour les (soi-disant) grosses.

Entendons-nous bien : je suis un escroc. Je ne parle même pas des vraies grosses, celles qui rendent paraplégique quand elles se mettent au-dessus pendant l’amour. J’emploie plutôt le terme dans le sens post-moderne, c’est-à-dire en respectant la définition tirée du magazine féminin lambda corrélée à l’axiome dit ‘de la pub partout’ : « Est grosse toute femme qui dépasse la taille 34 ». Comme je suis bon prince et qu’en plus j’aime vraiment les demoiselles bien en chair, j’étends avec délectation cette définition à toutes celles qui flirtent avec la taille 40. Ce qui normalement correspondrait au mammouth marin en utilisant le référentiel sus-mentionné. Si on monte un peu, genre après le 44, par contre, il faut pas pousser mémé dans le pédiluve, on peut tout envisager mais c’est comme l’immigration choisie, on discute au cas par cas. Ou alors vous êtes un mètre cube car vous mesurez un mètre trente et c’est éliminatoire : vous êtes une naine, une enfant ou une cul-de-jatte.

Faut pas m’en vouloir mais les maigrichonnes me débectent. Les findus, les casse-dalles SNCF, les flûtes de boulanger, les skeletors, les brindilles, les échalasses, les sauve la graisse, les rescapées d’Auschwitz, les femmes de carême, les porte-manteaux, les asperges, les fils de fer, les affiches, les bâtons de chaises, les flamands roses, les escogriffes, les limandes, les grandes gigues, les planches à pain, les sacs d’os, les transparentes et les voliges, je peux pas les voir en gravure. C’est physique, j’ai envie de leur péter les genoux avec un cric et de les regarder se vider de leur sang en mangeant mon pamplemousse.

J’ai les sinus qui purulent rien qu’à l’idée de vous savoir nombreuses à vouloir devenir comme ça. Pourquoi admirer des machins pareils alors qu’on ne peut rêver plus parfaite perfection que des hanches dessinées par Fernando Botero, un valseur qui tangue comme un kayak en plein tsunami et des gardes-côtes qui rebondissent autant que le ballon un soir de play-offs au Madison Square Garden. POURQUOI ? Mesdames. Mon cœur saigne. Reprenez-vous. Je sais que vous n’êtes pas toutes comme ça mais pensez à celles qui n’ont pas la chance d’être aussi épanouies que vous, prisonnières qu’elles sont de l’image qu’elles voudraient renvoyer. Brisez vos chaînes ! Toutes à poil ! (<-- ça peut marcher sur un malentendu).

Mes neuf minutes d’investigation intensives ne m’ont malheureusement pas permis de remonter aux origines de cette détestable construction de l’image pervertie de la femme sveltissima/androginissima. Difficile donc de trouver des coupables à châtier, d’autant plus qu’on ne peut pas accuser les boucs-émissaires habituels (arabes, juifs, chtis, supporters du psg, roms…). C’est probablement un coup des publicitaires. On se contentera donc de traiter les effets et de passer les causes par pertes et profits. IL FAUT QUE CA CESSE ! Vos signes extérieurs de richesses sont notre joie quotidienne, sans vous le pays et le monde connaîtront la déroute, l’infamie, les guerres et la pestilence. Attention toutefois, il y’a quand même des règles à respecter. L’arrière-boutique et la devanture forment un tout. L’hémisphère sud doit être au niveau des frères Karamazov, sinon je porte plainte pour vice caché. On peut pas avoir le yin sans le yang, c’est Confucius qui l’a dit. A ce stade, les malentendus sont dissipés. Plus personne ne me prend pour un philanthrope. Je ne dis pas ça pour panser votre petit ego fragile, ma démarche est purement égoïste, je pense avant tout au bien-être de la gent masculine hétérosexuelle (et de la gent féminine homosexuelle) qui a la joie de vous côtoyer et de vous admirer. Aucun d’entre nous n’a envie de se blottir contre un paquet de chips ! En plus de se retrouver la bite pleine de sel on peut rien faire sans foutre des miettes partout ! On veut du lourd, du costaud, du qui tient la route ! On veut du gras !

Et pendant que vous y êtes, faut vous mettre une bonne fois pour toutes dans la tête que ‘grosse’ et ‘moche’ ne sont pas des synonymes. Comprenez bien qu’un mec qui vous trouve moche car trop grosse ou qui vous aime toute maigre est probablement le prince des homos refoulés, il décanillera avec le premier cuir/moustache venu avant que vous aillez eu le temps de dire ‘laxatif’. Vous n’avez pas besoin d’un loser pareil. Aha ! Cette note est bel et bien la pire des arnaques car quand je disais aimer les grosses ça voulait dire en fait aimer les jolies demoiselles, qu’elles soient grosses ou non. C’était bien la peine de se cogner une page pour ça… En plus je me suis mis dans la merde tout seul. Quand madame va lire ça, elle va, à tous les coups, le prendre pour elle. Va falloir circonlocutionner avec adresse sur des conversations à base de « Tu me trouves grosse ? – Bah non. – Donc tu m’aimes pas ? – Bah si. – Mais t’aimes les grosses ! – Euh… » Je viens d’acheter mon ticket pour le cercle infernal / vicieux de la rhétorique tordue / féminine (voir schéma ci-dessous).

Je sais que ce fut pénible mais réjouissez-vous, ce douloureux cri du cœur prend fin ici. Arrêtez de nous briser les burettes avec vos régimes à la con car vous êtes jolies quelle que soit votre taille. Malheureusement pour les phacochères, la contraposée est vraie aussi : si vous êtes moches y’a rien à faire non plus. Les mottes de saindoux, pas la peine de m’envoyer vos CV, restez planquées dans votre terrier sinon je serai le premier à vous jeter des caillasses à la gueule et j’inviterai les talibans à vous lapider avec des parpaings.

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6 réponses à With great fat comes great responsibility

  1. Velvetshadow dit :

    Superbe article

    J’etais de ceux qui crachaient sur le 40+, et avec le temps (et donc l’Age – l’expérience), j’en parviens au final a retrouver mon point de vue d’aujourd’hui dans cet article, y compris le cercle infernal ;)

    Juste parfait. Et parfaites.

  2. lolitaurore dit :

    J’ai bien rigolé, ce fut très intéressant de lire tout ça et moi et ma taille 38 on te dit merci ;)

  3. ceruleeann dit :

    C’est top! C’est un message de plus pour me dire de ne pas aller me faire vomir car « Holala je ne suis plus aussi mince qu’en 3e » et parce que je fais un 40 au lieu du 36 mannequin.

  4. ouvrelettre dit :

    Sublimement drôle!

    Me suis permise de partager…

  5. ouvrelettre dit :

    Oui oui j’ai bien dit « permise ». Gna!

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