Petit précis d’awesomeness


Aujourd’hui quelqu’un m’a dit que je lui ai sorti une phrase béhavioriste.
J’ai failli m’agenouiller. Comme ça :

Bon je sais, pour vous ça n’a l’air de rien mais moi c’est le genre de truc qui me rend complètement dingue de. Je vous ai déjà parlé de l’admiration sans faille que je porte aux polyglottes de tout poil mais c’est de la roupie de sansonnet par rapport à ce dont vous êtes témoins en ce moment même. Là j’ai carrément envie de décerner le prix Nobel de la répartie tellement j’ai été scotché. Et je peux vous garantir que réussir à scotcher un mec aussi blasé que moi ça n’est pas donné à tout le monde.

Faut savoir qu’en cas de bad mood je deviens ceinture noire troisième dan de la blase, y’a quasiment rien ni personne qui m’intéresse, misanthrope attitude et tout le bordel. Normalement les options que j’ai quand je parle à quelqu’un oscillent entre le désintérêt poli et la haine pure et simple envers mon interlocuteur pour le temps perdu à écouter ses conneries. Ce temps si précieux que je pourrais passer à regarder des vidéos de losers sur youtube ou à mater les gifs animés postés par mes contacts Facebook. Ce temps qui file entre mes petits doigts gourds et crispés. Comment ose-t-il me le voler ? Le piétiner ainsi sous mes yeux humides et cracher sur sa dépouille avant d’y mettre le feu pour danser autour des flammes en lançant son rire satanique et bovin ? Vous voyez l’idée. En tout cas moi je vois vachement bien ce que c’est qu’un rire bovin. Et il y’a une figure de style stylée dans la phrase précédente entre « vachement » et « bovin ». Vous êtes gâtés aujourd’hui, j’ai mis les petits plats dans les grands. D’ailleurs elle est con cette expression parce que ça implique que quand on ne sort pas la grosse artillerie on se contente de mettre les grands plats dans les petits, ce qui me paraît un tout petit peu être de la merde en stick si je peux me permettre.

Tout ça pour dire que quand c’est comme ça même Mila Kunis et Amanda Palmer en train de se rouler des pelles sous la douche dans ma salle de bain n’arriveraient pas à me faire lever un sourcil. Et je crois bien que je viens de battre à l’instant le record du plus gros mytho de l’histoire de l’humanité car il est évident que si la scène décrite ci-dessus se produisait réellement je ferai probablement un AVC, un infarctus, une descente d’organes et une crise d’épilepsie, tout en même temps. Mais ça n’est pas le propos. Le propos étant qu’en mode Darth Machiavelas il me faut du Bear Grylls de l’humour et de l’intelligence en face de moi pour me tirer de ma torpeur neurasthénique et me redonner foi dans le genre humain et l’envie de placer autant de private jokes que dans cette phrase.

Dans le monde fait de manichéisme et de mauvaise foi qu’a construit mon esprit retors et limité les gens se répartissent en deux catégories aisément identifiables. La dualité c’est bien, on s’y retrouve toujours, ça facilite les choses pour tout le monde, chacun choisit un camp et on n’en parle plus. Deux catégories donc : les gens qui ont de la répartie et les handicapés du verbe. La modestie étant une qualité dont j’ignore jusqu’à l’existence il est bien évident que je me place chez les répartiteurs car comme tous ceux qui ont vu Intouchables le savent bien, les handicapés finissent toujours par se faire vider le cul par les valides. Et ça, on va dire que ça ne me branche pas trop. Même si il y a là un intéressant débat rhétorique à mener pour savoir qui a la meilleure place du videur ou du vidé. N’hésitez pas à rebondir sur le sujet.

La répartie c’est donc une qualité qui me permet de faire rapidement le tri entre les golmons et les gens qui valent le coup. Quelqu’un qui rebondit vite et bien c’est l’assurance d’avoir en face de soi une personne de qualité supérieure, de l’humain label rouge. Ou un futur champion de basket. Je crois bien avoir lu quelque part que la répartie et le sens de l’humour faisaient partie des attributs pour juger un bon soldat au temps de la Grèce antique, et vous m’accorderez que les Grecs étaient quand même loin d’être cons même si leur pays est tout niqué aujourd’hui. Je n’ai retrouvé aucune source (en même temps je n’en n’ai pas cherché) pour étayer mes dires alors il va falloir me faire confiance sur cette magnifique anecdote qui mérite d’être authentique quoiqu’il arrive. Cherchez autour de Dienekes, ça vous reviendra peut-être. Sinon allez regarder Dikkenek, ça ressemble pas trop une fois qu’on s’éloigne du nom mais c’est bien aussi.

Un peu de répondant et voilà le résultat, vous gagnez mon respect hebdomadaire sans coup férir et devenez le Fabrice Bénichou de mon ring relationnel. C’est pas mal. Mais, sans vouloir manquer de respect à monsieur Bénichou, vous êtes peut-être un peu plus ambitieux(-se) que ça. Pour débloquer le level supérieur c’est relativement simple, il suffit de me surprendre. Si possible en bien. Me surprendre avec une référence ultra obscure sur un sujet que je suis persuadé d’être le seul à connaître ça m’impressionne. Me surprendre avec quelque chose que je ne connais pas ou peu ça m’exalte. Ma curiosité étant à la fois sans limite et le moteur principal qui me maintient en vie (dramatisation certes outrancière mais efficace) c’est là un excellent moyen de vous ouvrir les portes du Panthéon. Comme je suis de plus suffisamment snob, ou prétentieux c’est selon, pour apprécier un trait de culture bien pointu décoché au bon moment c’est relativement facile de savoir comment me retourner la caboche et faire de moi votre laquais intellectuel. Et sinon vous pouvez faire comme d’autres et me balancer en toute décontraction que je dis des choses béhavioristes. Goodbye Bénichou. Bonjour Optimus Prime qui aurait ramassé une pelleteuse conduite par Muhammad Ali pour me coller une droite en pleine gueule avec.

Maximum respect pour les siècles des siècles.

Amen.

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3 réponses à Petit précis d’awesomeness

  1. Mogadishow dit :

    Quand je suis de mauvaise humeur, j’ai tendance à chercher la merde (je la trouve d’ailleurs souvent) mais pour le reste de ton papier, je suis relativement d’accord. En fait je suis même totalement d’accord sur la seconde partie et je me rends compte que ça explique pas mal de choses sur ma considération pour certaines personnes.

    Je crois que je vais ranger tout ça dans une boîte et le ressortir le jour où on me demandera ce qui m’énerve vraiment outre les gens terre-à-terre (qui eux, me font plus flipper qu’autre chose, parce qu’ils sont quand même vachement nombreux à avoir le droit de vote). Bref. Il était bien ce papier, il était chouette et pour revenir à ton commentaire d’hier sur mon blog, ça vaut largement un coup de pied au cul. Alors ton coup de genou dans les valseuses, garde-le pour quelqu’un qui ne mérite pas de se reproduire.

    ps: t’es-tu rendu compte que malheureusement, 90% des gens qui nous scotchent, c’est simplement parce qu’on s’aperçoit un jour qu’ils ne sont pas aussi cons que tout ce qu’ils avaient fait jusqu’alors pouvait le laisser penser ?

    • Machiavelas dit :

      Je ne sais pas trop. Le coup de pied au cul ça a quelque chose de commun. Peut-être qu’une bonne droite ferait l’affaire, au moins ça te permettrait d’envisager sereinement une progéniture normalement constituée tout en satisfaisant ma soif d’originalité.

      ps: rhôô pas forcément non, 90% c’est méchant. Et puis par scotcher j’implique quand même d’avoir du répondant sur le long terme. Un one shot ça ne compte pas, même le plus demeuré des demeurés peut avoir un coup de bol, faut compter sur les statistiques des grands nombres pour que ça soit fiable.

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